Création d’un commandement militaire pour l’Afrique avec à sa tête le général de brigade Pascal Ianni

Alors que la France subit un rétrécissement de son champ d’influence en Afrique, notamment au Sahel et diminue sa présence militaire, elle se dote d’un commandement militaire pour l’Afrique, sur le modèle des Etats-Unis.

Nomination du général de brigade Pascal Ianni 

A partir du 1er août 2024, « le général de brigade Pascal Ianni (est) nommé général commandant le commandement pour l’Afrique« , au Journal Officiel du  26 juin.

Ancien membre du cabinet  militaire de la ministre des Armées Florence Parly, il a aussi occupé le poste de porte-parole du chef d’état-major des Armées. Il était actuellement en charge de l’anticipation et de la stratégie au sein de l’état-major des Armées, spécialiste des questions d’influence et de lutte informationnelle.

Dans le cadre de la stratégie de réduction drastique de la présence militaire française en Afrique

Il est prévu de réduire à quelques centaines d’hommes la présence militaire française en Afrique de l’Ouest et centrale, dans le cadre de partenariats « rénovés », alors qu’il y a encore deux ans, la France y déployait quelque 6 600 militaires : 1 600 forces prépositionnés en Afrique de l’Ouest et au Gabon et  plus de 5 000 militaires au Sahel dans le cadre de l’opération antidjihadiste « Barkhane ».

Après les coups d’Etat successifs dans plusieurs pays du Sahel

Cette décrue correspond aux décisions des  juntes arrivées au pouvoir à la suite d’un enchaînement de coups d’Etat au Mali, à Bamako en 2022, au Burkina Faso, à Ouagadougou également en 2022 (deux coups d’Etat à la suite la même année) et au Niger, à Niamey en 2023. Parallèlement celles-ci font appel aux nouveaux partenaires, russe voire chinois.

Seuls quelques pays d’Afrique francophone, Gabon, Sénégal, Côte d’Ivoire et Tchad, conserveraient un présence française, réduite

La France ne maintiendrait en principe qu’une centaine de militaires au Gabon (contre 350 aujourd’hui), une centaine au Sénégal (contre 350), une centaine en Côte d’Ivoire (600 aujourd’hui) et environ 300 au Tchad (1 000 actuellement). Le dispositif devrait ainsi compter à l’avenir aux alentours de 600 militaires mais serait appelé à croître ponctuellement selon les besoins des partenaires.

Les départs de militaires ont commencé, notamment en Côte d’Ivoire  (de 900 à 600 ces derniers mois) et au Sénégal où le nouveau Président panafricaniste de gauche, Bassirou Diomaye Faye, élu le 2 avril, insiste sur la souveraineté du pays, de même que son Premier ministre, Ousmane Sonko, Président du Pastef, le parti alors d’opposition, dissous en juillet 2023 par l’ancien Président Macky Sall.

A noter la rencontre à Paris le 20 juin du Président Diomaye Faye avec son homologue français, en marge du Sommet de Paris sur la vaccination, afin de jeter les bases d’un nouveau partenariat « gagnant-gagnant ». Cette rencontre avait été précédée en mai par celle de Jean-Luc Mélenchon, le premier haut responsable politique français à être reçu par le nouveau pouvoir.

La base française de Djibouti n’est cependant pas concernée

La base française de Djibouti, qui accueille 1 500 militaires français, n’est pour sa part pas concernée par ces baisses d’effectifs. La France souhaite conserver un point d’appui stratégique dans ce petit pays situé face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb où transite une grande part du commerce mondial entre Asie et Occident.

Une possible mutualisation des bases avec d’autres partenaires, européens ou américain.

Lors d’une audition parlementaire en janvier,  le chef d’état-major français, le général Thierry Burkhard, estimait qu’il faudrait « sans doute modifier notre schéma d’implantation ». Ainsi, l’armée française n’exclut pas de « mutualiser » ses bases « avec les Américains ou d’autres » partenaires européens. Mais celles-ci pourraient aussi finir par être rétrocédées.

La France, paradoxalement, un fournisseur marginal d’équipements militaires à l’Afrique

Au 2ème rang mondial des exportateurs d’armes, la France est paradoxalement un fournisseur marginal en Afrique, avec à peine 4 pour cent du total, essentiellement en Afrique du Nord. Sur une décennie, de 2013 à 2022, l’Afrique subsaharienne n’a représenté que 1,5 % des exportations d’équipements militaires français. A l’inverse, la Russie est le 1er exportateur d’armes en Afrique (plus de 4,5 milliards USD en 2023), alors qu’elle n’occupe qu’un rang très modeste en exportations civiles.

Dans l’attente du rapport du ministre Jean-Marie Bockel missionné  par le président Macron

Le président Emmanuel Macron a missionné en février dernier l’ancien ministre Jean-Marie Bockel pour échanger avec les partenaires africains sur les nouvelles modalités de la présence militaire française sur leur sol. Ses conclusions, déjà largement anticipées, sont attendues ce mois de juillet.

Sa première visite en Afrique de l’Ouest a été en Côte d’Ivoire, le 21 février, quelques jours après sa nomination, où il s’est entretenu avec le Président Ouattara. Elle a été suivie en avril par celle du ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères, Stéphane Séjourné, lors de sa première tournée africaine, l’occasion pour lui de saluer « un partenariat équilibré ». De son côté, le Président Ouattara a fait état des «liens historiques, d’amitié, de coopération particulièrement étroits qui continuent de se renforcer » entre les deux pays, remerciant la France pour son « soutien dans quasiment tous les domaines ».

Jean Dollé

 

Sources: Gouvernement de Côte d’Ivoire, AFP, TV5 Monde, JORF, RFI,Jeune Afrique, Wikipedia