02 Juil Forum 2019, Le Moci, Paris, 28 juin : «Quelle stratégie pour les PME face à la montée des risques politiques à l’export ?»
Le magazine Le Moci (https://www.lemoci.com/), scrutateur et promoteur incontournable du commerce international auprès des entreprises françaises, tenait à Paris le 28 juin, pour la 10ème année consécutive son Forum sur les Risques & Opportunités à l’international. L’export, notamment hors de l’Union européenne, est-il devenu trop dangereux pour les PME et ETI ? Comment faire « avec » ?
François-Xavier Fauveau, correspondant du CEFICE à Paris y participait, parmi un public fourni, interrogatif face aux incertitudes nombreuses du moment, à la recherche d’informations pratiques sur les marchés porteurs.
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Dès le mot d’accueil du président du Moci, Vincent Lalu, un constat d’inquiétude s’impose cette année dans un environnement instable, adverse pour les entreprises sur les marchés mondiaux : montée des protectionnismes associée à celle des pouvoirs populistes, coup d’arrêt à l’essor du libre-échange et à la mondialisation des chaînes de production, accords de pays à pays au détriment des règles OMC, initiatives erratiques du président Trump, dégradation de la relation Chine – Etats-Unis, Brexit…
Des spécialistes de l’international ont tenté au cours de 4 tables rondes successives de déchiffrer les grandes tendances mondiales à l’œuvre et orienter pratiquement les entreprises dans leurs conquêtes de nouveaux marchés (https://www.lemoci.com/evenement/forum-moci-risques-et-opportunites-a-linternational-3/programme/).
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Table ronde 1 ; « Quelle stratégie pour les PME face à la montée des risques politiques à l’export ?»
Si la tendance dominante reste celle du repli, quelques signes positifs sont à noter, notamment pour la France, bénéficiant des performances dans quelques secteurs comme celui de l’industrie du luxe, des technologies ou des exportations de céréales vers l’Afrique dopées par l’aggravation du déficit pluviométrique. L’indice CAC 40 s’est ainsi adjugé 17,1% depuis le début de l’année, son meilleur gain semestriel depuis dix ans. La situation est néanmoins préoccupante pour des secteurs clés : automobile, chimie, électronique, sidérurgie.
Les échanges avec la Chine atteignent cependant des volumes inégalés, avec une baisse des taxes pour les entreprises européennes mais un allongement des délais de paiement est observé.
Clairement, la croissance manque à l’appel, en ralentissement même aux Etats-Unis, les entreprises anticipant sa baisse par une diminution des surstocks dans de nombreux secteurs et contraintes à rétrécir leurs marges. S’il fallait définir deux risques majeurs actuellement, ce serait :
- l’automobile: automaticité du relèvement des taxes aux EU qui devrait atteindre 25% en décembre prochain, contraintes en matière d’émissions CO2, affectant surtout l’Allemagne), investissements colossaux à prévoir dans un délai souvent perçu comme trop court
- le Brexit : pertes immédiates évaluées à 3 Mds € en cas de Brexit dur.
Au coeur des inquiétudes, figure le changement climatique dont les populations n’ont pas encore intégré les terribles conséquences à venir sur la production, les modes de consommation, les comportements, sans compter les bouleversements sociologiques et politiques. Il nécessite pour les entreprises d’être encore plus hyperactives, flexibles et locales en favorisant leurs marchés de proximité.
Face au bras de fer entre la Chine et les Etats-Unis, La Commission Européenne estime que l’Europe sera in fine le principal bénéficiaire de cette situation. Elle adopte dans l’immédiat une position défensive. Ainsi, une liste de contre-mesures, souvent très lourdes, est prête au cas – probable – où une augmentation des taxes visant le secteur automobile était instaurée par les Etats-Unis, de même que d’éventuelles mesures anti-dumping contre la Chine.
Un dispositif de contrôle des investissements étrangers est également mis en place, visant à sourcer précisément leurs initiateurs. L’UE, enfin, cherche à multiplier ses partenariats avec d’autres pays ou zones, Vietnam, Corée du Sud, Canada, Japon, Singapour, Mercosur… A ce jour, elle dispose de 41 accords de libre-échange, bilatéraux ou multilatéraux avec 72 pays, bénéficiant largement aux entreprises françaises. Les soutiens aux exportateurs, notamment contre les risques, existent mais l’assurance-crédit, encore insuffisamment connue par les PME régionales devrait s’étendre à la faveur du déploiement du digital.
Table ronde 2 : Risque de « conformité » : les bonnes pratiques pour éviter l’impact des « sanctions » internationales (Iran, Russie, Ukraine, Cuba, etc.)
La situation est particulièrement compliquée. L’exemple de Cuba est, à cet égard, significatif, pays avec lequel il est possible de signer des contrats, de disposer de fournisseurs, de clients mais pas de banques… Le cadre strict en matière d’échanges internationaux édicté par l’ONU, est bouleversé par la politique américaine, établissant ses propres règles, obligeant les autres pays à s’y conformer.
Il est difficile pour les exportateurs d’obtenir une information fiable sur les embargos, les sanctions, les pays concernés. D’autant que les listes officielles recèlent nombre de prête-noms ou d’entreprises-écrans. Et les sanctions mises en place par les Etats-Unis peuvent vite, si elles sont appliquées, s’avérer catastrophiques pour les entreprises concernées. A souligner ici la qualité du site des Douanes, ainsi que celui de la Direction Générale du Trésor.
Parmi les recommandations, il est conseillé d’être vigilant sur le transfert de risque des grands groupes vers leurs fournisseurs. Et d’appliquer la formule KYS + KYC = KYB (Know Your Suppliers + Know Your Customers = Know Your Business).
S’agissant des ces questions liées à la conformité, la notion de « compliance », est revenue tout au long de la matinée. Elle est de gestion délicate, dès lors que les lois qui régissent le commerce extérieur ont été bousculées par l’action des Etats-Unis. Les sujets à traiter sont étendus :
– Lutte contre le blanchiment, nécessitant un contrôle de l’origine des fonds pour s’assurer de leur transparence ;
– Contrôle des acteurs sachant que certains peuvent se cacher sous d’autres identités et/ou d’autres structures juridiques,
– Impossibilité de traiter avec certains pays entretenant de mauvaises relations avec les Etats-Unis, sous sanctions commerciales, ou sous embargo.
Ces interdits sont susceptibles évidemment être contournés, mais il convient alors d’être certain de la fiabilité de ses informations dont la gestion s’avère astronomique par leur nombre et leur coût. A titre d’exemple, la Turquie peut fournir une solution de repli, par ses entreprises qui sont en mesure d’exporter vers l’Iran.
Table ronde 3 : Couvrir ses risques de paiement export dans les pays « compliqués » (Risque pays élevé, délais de paiement longs, volatilité du change ou risque de non-transfert)
Pour le moment, il n’est pas observé d’accroissement des défaillances d’entreprises en Europe ; la situation est plutôt celle d’un retour à la normale, après des années qui, il faut le dire, ont été bonnes dans ce domaine. Le risque-pays ne se dégrade pas, mais la perspective d’une évolution négative est réelle, particulièrement en Italie et en Turquie.
On notera que le dispositif CAP Export, mis en place par l’Etat, n’a pas fonctionné, du fait certainement que la France exporte surtout en Europe.
Les risques de change sont à prendre en compte, mais la crainte majeure des entreprises à l’export est surtout l’impayé. Le recouvrement est souvent long, difficile, et son coût parfois très lourd. Il est important dans ce cas, pour les interlocuteurs des exportateurs, à savoir les spécialistes de l’assurance-crédit et de l’affacturage, d’établir des partenariats avec des homologues locaux, familiers des règles en vigueur sur place. A cet égard, l’Afrique, à l’exception de quelques exceptions comme le Sénégal ou le Maroc, constitue un cas délicat, par manque d’informations sur les acheteurs, hors quelques grands comptes.
Il existe, enfin, des solutions innovantes en matière de paiements internationaux, s’appuyant sur des solutions de haute technologie, et qui sécurisent les transactions en devises étrangères, mobilisables rapidement et en toute sécurité.
Table ronde 4 : Gestion du risque crédit et des flux financiers export : qu’attendre des nouvelles technologies ?
L’importance des nouvelles technologies et de la digitalisation est évidente dans la gestion du risque crédit : L’information est essentielle, alors qu’il faut gérer un nombre extrêmement élevé d’éléments les plus divers dans des environnements réglementaires complexes, pour une réponse fiable, en un délai très court, au client exportateur. Les spécialistes de l’assurance-crédit, du recouvrement, de l’assurance contre la fraude, de l’information économique, légale et financière, de l’affacturage et, enfin, du transfert accéléré et sécurisé des paiements, proposent des solutions appropriées aux exportateurs.