09 Déc La COP 15 (biodiversité) à Montréal du 7 au 19 décembre, un mois après la COP 27 (climat) à Charm-el-Cheikh, 7 mois après la COP 15 (désertification) à Abidjan
La 15e Conférence des Parties (COP15) au Canada, à Montréal, du 7 au 19 décembre a été ouverte par Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU. 190 pays sont représentés.
La première partie s’était tenue en Chine, en octobre 2021. Cette deuxième partie comprend la poursuite des négociations par les Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB), signée pour la première fois par 150 chefs de gouvernement lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992. Montréal est le siège du secrétariat de la CDB.
Un constat sans appel du secrétaire général de l’ONU
« Nous faisons la guerre à la nature » … « Notre dépendance aux combustibles fossiles a plongé notre climat dans le chaos » … « Un tiers de toutes les terres sont dégradées, ce qui rend plus difficile de nourrir des populations croissantes » … « Les plantes, les mammifères, les oiseaux, les reptiles, les amphibiens, les poissons et les invertébrés sont tous à risque. Un million d’espèces sont au bord du gouffre » … « Nous traitons la nature comme des toilettes. Et finalement, nous nous suicidons par procuration »
Des exhortations à agir
« S’attaquer aux causes profondes de cette destruction » selon le secrétaire général, notamment aux subventions nuisibles, aux investissements mal orientés, et aux systèmes alimentaires non durables. L’accord s’inscrit dans la ligne des autres accords mondiaux visant à protéger notre planète – de l’Accord de Paris sur le climat en 2015 à ceux sur la dégradation des terres, les forêts, les océans, les produits chimiques et la pollution.
Et surtout mettre en place un cadre « avec des objectifs clairs, des repères et une responsabilité ».
Antonio Guterres martèle n’attendre rien de moins de cette réunion qu’un cadre mondial de la biodiversité audacieux pour l’après-2022, qui « repousse l’apocalypse de la biodiversité en s’attaquant de toute urgence à ses moteurs – changement d’utilisation des terres et des mers, surexploitation des espèces, changement climatique, pollution et espèces exogènes envahissantes ».
Cette conférence pourra-t-elle stopper « cette orgie de destruction » et contribuer à « passer de la discorde à l’harmonie ». Vœu pieux ?
3 actions concrètes
1) Les gouvernements doivent élaborer des plans d’action nationaux audacieux dans tous les ministères, qu’il s’agisse des finances, de l’alimentation, à de l’énergie et des infrastructures.
2) Le secteur privé doit admettre que le profit et la protection doivent aller de pair.
3) Les pays développés doivent apporter un soutien financier massif aux pays du Sud, qui sont les gardiens des richesses naturelles de notre planète.
« C’est à nous d’assumer la responsabilité́ des dommages que nous avons causés, et de prendre les mesures nécessaires pour les réparer. Oublions les rêveries de certains milliardaires – il n’y a pas de planète B. C’est à nous de réparer le monde que nous avons », a conclu le Secrétaire général.
Le secrétaire général à l’ouverture de la COP 15 avec des jeunes
… Après la COP 27, « COP de l’Afrique », conclue sur un accord a minima et quelques avancées à concrétiser…
Forte de 35 000 participants, à Charm-el-Cheikh (Egypte), du 6 au 18 novembre (prolongée au 20 novembre) avec la présence active de militants côtoyant quelque 600 lobbyistes pétrole et gaz, cette COP27 qui devait être celle de l’Afrique du fait du pays où elle se tenait, une fois de plus, a démontré la difficulté à obtenir des engagements fermes, et même marqué, sur certains points, un retour en arrière par rapport à ceux de Glasgow (2021). Comme les précédentes, elle reste un indispensable jalon dans le combat collectif contre le réchauffement, difficile et pourtant vital, contribuant à faire faire bouger les lignes et favoriser en marge des mobilisations entre pays, organisations diverses ou entreprises.
Une réduction des émissions de CO2 non maîtrisée
La déclaration finale, fruit d’innombrables compromis, appelle à une réduction « rapide » des émissions mais sans contrainte nouvelle. L’UE s’est dite « déçue » par cet accord. En admettant que cette réduction soit intégralement appliquée, elle mettrait au mieux le monde sur une trajectoire de +2,4°C à la fin du siècle (au lieu de moins de +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle à la fin de ce siècle aux termes de l’Accord de Paris de 2015) et, au rythme actuel des émissions, sur celle d’un catastrophique +2,8°C. Or, à près de +1,2°C de réchauffement actuellement, les impacts dramatiques du changement climatique se multiplient déjà.
L’année 2022 en a été l’illustration, avec ses sécheresses inédites, méga feux, inondations dévastatrices, impactant récoltes et infrastructures. Les coûts de ces événements extrêmes s’envolent également : la Banque mondiale a ainsi estimé à 30 milliards de dollars le coût des inondations qui ont laissé un tiers du territoire pakistanais sous l’eau pendant des semaines et fait des millions de sinistrés.
Une absence d’ambitions de réduction des combustibles fossiles
La réduction de l’usage des énergies fossiles a été à peine mentionnée. Le charbon avait été cité en 2021, certains pays (Arabie saoudite, Iran ou Russie…) se sont une nouvelle fois opposés pour le pétrole et le gaz.
Par ailleurs, la guerre en Ukraine et les sanctions à l’encontre de la Russie ont relancé les centrales à charbon en Europe.
De l’autre côté, les pays africains ont défendu le droit d’utiliser les combustibles fossiles, notamment le gaz, pour assurer leur développement économique. Ils font aussi valoir que les énergies fossiles, produites ou en cours d’exploration en Afrique, bénéficient d’abord aux pays occidentaux…
Une avancée cependant « historique » d’un fonds financier de pertes et dommages pour les pays en développement
Une avancée cependant, qualifiée d’« historique », au profit des pays en développement, celle de l’adoption d’un fonds financier spécifique de « pertes et dommages » pour compenser les dégâts causés par le changement climatique déjà subis par ces pays. Ils se sont présentés unis au sein d’un puissant groupe de négociation G77+Chine soit 130 pays émergents et pauvres. Les négociations ont été rudes, notamment sur la place de la Chine : contributeur ou bénéficiaire potentiel ? Les pays développés ont insisté pour que ce Fonds s’adresse explicitement aux pays les plus vulnérables, notamment africains.
L’accord, volontairement vague sur nombre de points, prévoit qu’un comité spécial règle les détails opérationnels d’ici à la prochaine COP, la COP28, fin 2023, à Dubaï. De nouveaux affrontements sont à attendre, en particulier pour déterminer le rôle exact du fonds et sur la question des contributeurs. La Chine mais aussi l’Arabie saoudite, le Qatar, la Russie, le Brésil, l’Indonésie, l’Inde et la Chine figurent en effet parmi les pays « en développement », selon le classement de l’ONU qui date de 1992.
On observera toutefois que la promesse de doubler le financement de l’adaptation à 40 milliards de dollars par an n’a pas été tenue, alors que les coûts d’adaptation de la seule Afrique subsaharienne au changement climatique sont estimés à 50 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie. Loin aussi la promesse des pays développés datant de 2009 de fournir 100 milliards de dollars chaque année à l’ensemble des pays en développement et réformer l’architecture de la finance internationale.
Une mention aux Énergies Renouvelables
A relever aussi une mention inédite aux ENR aux côtés des énergies à «basses émissions», expression généralement appliquée au nucléaire.
… Après la COP 15 (lutte contre la désertification) à Abidjan en mai dernier, au bilan en demi-teinte
Cette 15e Conférence des parties (COP15) à la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification la protection des terres, les sécheresses et l’appauvrissement des sols, s’est tenue à Abidjan du 9 au 20 mai 2022 est moins connue que les 2 COP précédentes, organisée tous les deux ans par la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). Quelque 7000 participants de 196 pays étaient réunis pour tenter de s’accorder sur des objectifs communs.
Peu d’avancées majeures
Après deux semaines de négociations, elle n’a pas été le lieu d’avancées majeures. L’un des engagements phares de la déclaration finale est l’accélération de la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030.
L’Initiative d’Abidjan, « Abidjan Legacy Program »
Pour la Côte d’Ivoire, cette COP est l’instrument d’une vaste transformation de la structure économique de son agriculture à travers un programme dénommé l’«Initiative d’Abidjan » (“Abidjan Legacy Program”), en vue de la restructuration, de la réhabilitation et de la régénération des sols dégradés sur toute l’étendue du territoire national. Elle a obtenu finalement un financement de 2,5 milliards de dollars pour une durée de 5 ans. Ce programme pourrait être étendu à d’autres pays.
La prochaine COP contre la désertification, COP 16 aura lieu dans deux ans, en 2024, en Arabie saoudite.
A écouter
COP 15: L’avenir du vivant suspendu au jeu diplomatique (France Culture, 57 mn)
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