Le commerce extérieur de la France devrait mieux résister au ralentissement mondial en 2019 mais soumis aux difficultés de l’Allemagne, son premier client mondial

En 2018, les exportations françaises avaient été dynamiques mais les comptes extérieurs avaient aussi profité de l’atonie de la consommation et donc des importations. Ils avaient ainsi contribué à hauteur de 0,6 point à la croissance du PIB. Ce résultat, le meilleur depuis 2012, baisserait à nouveau en 2019 bien que le commerce extérieur de la France devrait mieux résister au ralentissement mondial en 2019 que nos grands partenaires. Mais, au-delà de l’incertitude des cours du pétrole et de la consommation intérieure, son évolution en 2019 dépendra largement de l’issue du Brexit (notre 5ème client européen, avec des échanges excédentaires en notre faveur) et des capacités de l’Allemagne à redresser son économie. Le pays est en effet notre premier client (15 % de nos exportations, soit le double de de nos ventes aux États-Unis, à l’Italie, l’Espagne ou le Royaume-Uni et plus du triple de ce celles destinées à la Chine). Par ailleurs, l’intégration des chaînes de valeurs accroit notre dépendance vis-à-vis de nos principaux partenaires, de l’Allemagne en premier lieu. En revanche, la bonne tenue de l’économie espagnole et le début de sortie de récession de l’Italie, nos 2ème et 3ème clients européens, sont de bonne augure.

On rappellera qu’avec 3 % de part de marché (PDM), la France est le 8ème pays le plus exportateur de marchandises au monde (OMC, 2017), devançant l’Italie et le Royaume-Uni. S’agissant des services commerciaux, avec une PDM de 4,7 %, elle se positionne  au 4ème rang des exportateurs mondiaux, talonnée toutefois par la Chine.

Avec l’Afrique subsaharienne (près de 3% de nos exportations mondiales), la France enregistre un solde positif de 800 M en 2018, son 5ème excédent mondial.

Sources : Insee, OMC, Les Échos

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La France devrait mieux résister au ralentissement mondial, mais elle n’est pas à l’abri. Notamment parce que son premier client, l’Allemagne, est aussi un des pays les plus touchés par le coup de frein sur le commerce mondial.

Le gouvernement avait prévenu : le commerce extérieur ne devrait pas briller cette année. L’année 2018 avait été plutôt bonne avec un recul du déficit commercial de biens, hors énergie, de 4 milliards d’euros à 28,6 milliards. Les exportations avaient été dynamiques mais les comptes extérieurs avaient aussi profité de l’atonie de la consomma- tion l’an passé et donc des importa- tions. Résultat, le commerce exté- rieur avait contribué à hauteur de 0,6 point à la croissance du PIB en 2018. Une performance inédite depuis 2012, mais qui ne sera pas réitérée cette année.

Pas immunisée

Dans son programme de stabilité présenté début avril, le gouverne- ment avait prévenu que « le com- merce extérieur soutiendrait relati- vement moins l’activité en raison d’une part du ralentissement des exportations, après les nombreuses livraisons aéronautiques de fin d’année, et du dynamisme des importations en lien avec le rebond de la demande ». Sur les trois pre- miers mois de 2019, les importa- tions de biens et services ont crû de 0,9 % et les exportations ont stagné.

La France n’est pas immunisée contre le ralentissement mondial. Pourtant, les exportations hexagonales représentent une part moins importante du PIB qu’en Allemagne. « Les chaînes de valeurs sont aussi très intégrées dans la zone euro et donc la France est nécessairement touchée lorsque l’un de ses partenaires souffre », souligne Julien Manceaux, économiste chez ING.

Effet de ricochet

Ensuite, la perspective d’une absence d’accord sur le Brexit a pu peser au premier trimestre. Enfin, « s’il est vrai que l’économie française est moins ouverte que celle de beau-coup d’autres pays européens, il n’en reste pas moins que notre premier partenaire commercial, c’est l’Alle- magne et qu’il s’agit d’une économie très touchée par le ralentissement mondial. Donc, par effet de ricochet, les exportations françaises s’en trou- vent aussi affectées », estime Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. En effet, destinataire de plus de 70 milliards d’euros d’expor- tations de biens l’an passé, notre voi- sin est notre premier client et achète 15 % de nos exportations, soit le dou- ble de ce qu’achètent les Etats-Unis, l’Italie, l’Espagne ou le Royaume- Uni à la France et plus du triple de ce que nous achètent les Chinois. Les difficultés de l’économie allemande ne sont donc pas une bonne nouvelle à terme. En revanche, la bonne tenue de l’économie espagnole et le fait que l’Italie ait renoué avec la croissance peuvent faire espérer des jours meilleurs. — G. C.