28 Mar Le continent africain accroit sa visibilité et ses positions sur la scène internationale: Gilbert Houngbo, à la tête de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le premier africain à accéder à cette fonction :
Gilbert Houngbo (Togo), élu Directeur général de l’OIT ce 25 mars
Élu ce 25 mars, sans appel dès le second tour par 30 des 56 membres du Conseil d’Administration (alors qu’il en avait fallu six en 2012 à son prédécesseur), Gilbert Houngbo, prendra ses fonctions de Directeur général de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), pour 5 ans le 1er octobre 2022.
Le premier Africain à cette fonction
5 personnalités étaient candidates dont la Française Muriel Pénicaud, ex-ministre française du Travail, ex-directrice de Business France. Elle s’est placée en 2ème position avec 23 voix. Elle aurait été la première femme à ce poste.
11ème Directeur général de l’OIT et 1er Africain à cette fonction, il succède à un britannique, ancien syndicaliste, Guy Ryder, en poste depuis 10 ans.
A la tête de la plus ancienne agence onusienne
On rappellera que l’Organisation internationale du travail (OIT, ILO en anglais), fondée en 1919, est depuis 1946 une agence de l’ONU, la plus ancienne. Elle fonctionne de façon tripartite (gouvernements, employeurs et travailleurs) chargée de promouvoir les droits au travail, encourager la création d’emplois décents, développer la protection sociale et renforcer le dialogue social dans le domaine du travail. Basée à Genève, elle regroupe 183 États membres.
Gilbert Houngbo: un parcours dans le secteurs privé et public, un Premier ministre du Togo
Âgé de 61 ans, Gilbert F. Houngbo, Togolais, a effectué sa carrière tant dans le secteur privé que public, avec des engagements également politiques, ce qui a certainement favorisé son élection à la tête de cette entité tripartite (gouvernements, employeurs et travailleurs). Comptable de formation, il a travaillé dans un grand cabinet d’audit, PriceWatherhouse.
Il a ensuite été membre de l’équipe stratégique du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) avant d’occuper le poste de secrétaire général adjoint et de directeur Afrique à partir de 2006. En 2008, il est nommé Premier ministre du Togo. Il démissionnera en 2012 pour reprendre une carrière internationale, comme Directeur général adjoint en charge des opérations de terrain au BIT (Bureau International du Travail) puis comme Président du Fonds international de développement agricole (FIDA) de 2017 jusqu’à maintenant.
Une volonté d’être le Directeur général de « tout le monde », en s’attachant aux inégalités et injustices sociales exacerbées par la pandémie et les conflits
S’exprimant après son élection, il manifeste, au-delà de son souci de « représenter et défendre les points de vue de tous les mandants tripartites de l’organisation», son engagement prioritaire contre les exclusions qui ne cessent de précariser une grande partie des populations, aggravées ces deux dernières années par la pandémie Covid-19 et les nouveaux conflits. En phase avec le constat de l’OIT montrant que les populations les plus vulnérables ont été touchées de manière disproportionnée, en matière de pertes d’emploi ou de baisse des revenus, à la différence de celles à revenus élevés. C’est aussi l’analyse du FMI dans ses Perspectives Economiques , notant que l’Afrique et une grande partie de l’Asie en développement, à l’exception de la Chine, ont fait un bond en arrière de quinze ans, l’Amérique latine de 17 ans et le monde arabe de quasiment deux décennies.
« Je pense aux quatre milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à la protection sociale. Je pense aux plus de 200 millions de femmes et d’hommes qui sont confrontés au chômage. Aux 160 millions d’enfants qui travaillent. Aux 1,6 milliard de personnes qui travaillent dans le secteur informel. Les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, qui sont confrontées à une rupture de la chaîne d’approvisionnement ou à une fermeture en raison de crises, notamment la pandémie, le changement climatique et les conflits armés. Je pense aux femmes et aux hommes qui sont confrontés à la discrimination, à la violence et au harcèlement sur le lieu de travail et ailleurs. Ce sont là autant d’expressions d’une injustice sociale inacceptable que nous sommes moralement, sinon légalement, tenus de combattre. »
L’Afrique se distingue et accroit sa visibilité sur la scène internationale dans tous les domaines.
On observe ces toutes dernières années une montée en puissance d’acteurs africains au plan mondial dans tous les domaines, de l’économie, du social, de la gouvernance multilatérale, de la culture, de l’art… Signe que le continent s’impose, cette émergence s’illustre par des distinctions prestigieuses à des personnalités africaines, ou des nominations aux plus hautes fonctions d’organismes multilatéraux, ciblant créateurs, dirigeants publics ou privés, initiées par des institutions nationales et internationales reconnues.
Le CEFICE s’en est déjà fait l’écho :
https://www.cefice.org/ces-africains-qui-ont-fait-lannee-litteraire/
On mentionnera quelques autres de ces nominations emblématiques, au-delà de celle de Gilbert Houngbo :
Ngozi Okonjo-Iweala, 68 ans (Nigeria), Directrice générale de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), le 1er mars 2021
Elle devient la première femme et la première Africaine à être désignée Directrice générale, pour un mandat de 4 ans.
Makhtar Diop, 61ans, (Sénégal), Directeur général et Vice-président exécutif de la SFI (Société financière Internationale), l’agence de la Banque Mondiale consacrée au secteur privé, en mars 2021
Francis Diébédo Kéré, 56 ans (Burkina Faso), architecte, lauréat du prix Pritzker, considéré comme le « Nobel de l’architecture », en mars 2022. Il est lui aussi le premier africain à recevoir cette distinction : « Grâce à son engagement pour la justice sociale et à l’utilisation intelligente de matériaux locaux pour s’adapter et répondre au climat naturel, il travaille dans des pays marginalisés, où les contraintes et les difficultés sont nombreuses et où l’architecture et les infrastructures sont absentes », selon les mots du jury.
Lycée Schorge, Burkina Faso, 2016, Kéré Architecture